Dissolution de l’assemblé et chute du CAC 40, comment l’annonce d’Emmanuel Macron fait bousculer les choses. Une hausse du rendement des obligations montre l’inquiétude des investisseurs face à la perspective d’un gouvernement d’extrême droite.
C’est un séisme dans le paysage politique et économique qui s’est fait ressentir ce matin à l’ouverture des marchés. Suite à l’annonce par Emmanuel Macron de la dissolution de l’Assemblée nationale dimanche soir les premières transactions, le CAC 40 a chuté de près de 2 %. L’euro, en baisse de 0,5 %, est tombé sous 1,08, son niveau de début mai.
Le rendement des obligations d’État françaises à 10 ans a grimpé de 6 points de base (pb) dès l’ouverture de la séance, atteignant plus de 3,15 %. Dans un contexte de hausse généralisée des taux souverains européens, le 10 ans français a augmenté de manière beaucoup plus marquée que ses homologues européens. Les taux de référence espagnol et portugais, par exemple, n’ont augmenté que de 3 pb.
Nervosité sur le marché obligataire
Le signal le plus notable est cependant l’élargissement du spread entre les taux français et allemands. Le spread à 10 ans entre la France et l’Allemagne a progressé de 5 pb, atteignant 53 pb, son plus haut niveau depuis le 10 janvier. En d’autres termes, les investisseurs exigent une prime de risque plus élevée pour prêter à la France par rapport à l’Allemagne, considérée comme la dette la plus sûre de la zone euro.
Cette nervosité accrue reflète la crainte des marchés de voir le Rassemblement national accéder au gouvernement. Elle rappelle la situation de 2017, lorsque la possibilité d’une victoire de Marine Le Pen à la présidentielle avait fait flamber les taux français. Bien que le RN affirme ne plus vouloir quitter l’Union européenne ni abandonner l’euro, ses intentions restent floues.
De plus, son programme économique suscite des interrogations. Il propose notamment des baisses d’impôts (comme la réduction de la TVA sur l’énergie) qui semblent peu compatibles avec l’assainissement nécessaire des finances publiques. Ce qui, dix jours après la dégradation de la note de la France par S&P Global Ratings, est perçu comme un signal négatif.