Les marchés financiers inquiets face au programme du RN

Le programme économique du RN fait peur aux marchés financiers. Entre Frexit et protectionnisme voilà ce qui changera.

Le programme économique du Rassemblement National (RN) est extrêmement coûteux, protectionniste et entraînerait un déficit public supplémentaire de plusieurs centaines de milliards d’euros, rendant sa compatibilité avec les règles européennes improbable. La perspective de voir le RN au pouvoir inquiète fortement les marchés financiers : la Bourse de Paris est instable, les valeurs bancaires chutent (BNP -5%, Société Générale -8%), l’euro baisse et le taux d’emprunt de l’État français augmente. Les investisseurs sont loin d’être rassurés.

Le programme du Rassemblement National prône la priorité nationale et la fin de ce qu’il appelle « le temps de la naïveté ». Jordan Bardella et Marine Le Pen veulent « rendre leur argent aux Français ». Cela inclut la renégociation ou l’abandon des accords de libre-échange européens au profit d’accords bilatéraux, la sortie des accords énergétiques, de la politique agricole commune et des directives sur les travailleurs détachés. Le RN souhaite également simplifier les réglementations pour les entreprises et leur permettre de déroger aux normes européennes, notamment celles sur le devoir de vigilance et la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive).

Paradoxalement, le RN s’oppose à la directive européenne interdisant les produits issus du travail forcé, malgré son potentiel à stopper les importations de produits fabriqués dans des conditions douteuses. Le soutien au mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, déjà adopté, est l’une des rares exceptions.

Le RN pourrait-il vraiment mener la France au Frexit ?

La grande question demeure : la France doit-elle rester dans la zone euro et l’Union européenne ? Bien que le RN ait autrefois plaidé pour un « Frexit », le parti se montre aujourd’hui plus réservé sur le sujet, probablement pour ne pas effrayer les électeurs indécis. Cependant, une politique européenne « à la carte » reste incompatible avec les principes de l’UE, qui impose la libre circulation des biens, services, personnes et capitaux.

Des promesses coûteuses pour la France

Les investisseurs en obligations françaises sont particulièrement préoccupés par les mesures économiques du RN. Le programme socio-économique vise à renforcer le pouvoir d’achat : annulation de l’interdiction de vente des voitures thermiques après 2035, baisse de la TVA à 0 % sur des produits de base, exonération des cotisations sociales sur les augmentations salariales de plus de 10 % pour les salaires inférieurs à trois fois le SMIC, et exonération fiscale pour les moins de 30 ans.

Le Rassemblement National propose également de réduire la TVA sur l’énergie de 20 % à 5,5 % et de supprimer certaines cotisations sociales pour les entreprises, mesures qui coûteraient à elles seules 20 milliards d’euros par an. De plus, il prévoit d’augmenter de 40 milliards d’euros les dépenses publiques de R&D chaque année, aggravant ainsi le déficit public annuel de 100 milliards d’euros supplémentaires. Actuellement, ce déficit atteint déjà 160 milliards d’euros, soit 5,5 % du PIB. L’abandon des traités commerciaux multilatéraux pourrait aussi coûter à la France jusqu’à 3 points de PIB, entraînant une perte de 35 milliards d’euros pour le Trésor public, selon des estimations basées sur le Brexit au Royaume-Uni.

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