Crise politique en cours, l’influence de l’euro menacée !

L’euro a du mal à s’imposer sur la scène internationale depuis plusieurs années, encore en 2024, face à un dollar dominant et à l’émergence de nouvelles devises concurrentes, notamment celle de la Chine. Une crise politique en France affaiblirait la confiance des investisseurs non européens.

À la suite du choc des élections européennes et de ses répercussions en France. L’euro est au cœur des préoccupations des investisseurs. Impactée par les dynamiques politiques, la monnaie européenne démontre qu’elle n’est pas une construction purement technocratique. Son influence internationale repose sur l’unité politique, économique et financière de la zone euro. La Banque centrale européenne (BCE) rapporte que cette inquiétude est plus marquée qu’en 2023. Pour cause, la position de la deuxième monnaie mondiale derrière le dollar est restée stagnante. Que ce soit sur les marchés de la dette ou des devises, ou encore dans le système bancaire mondial.

Risques financiers pour les entreprises

L’internationalisation de l’euro avait connu une légère reprise à partir de 2017. Celle-ci faisait suite à une baisse due à la crise « existentielle » de la zone euro (Grèce, Italie, Espagne). Elle était également due à la montée en puissance de concurrents comme la Chine. Fin 2023, l’indicateur composite de la BCE attribuait à l’euro une part de 19 % dans la finance mondiale. La monnaies européenne représentait également 19 % du système bancaire mondial. En 2023, la monnaie unique a perdu du terrain à l’étranger dans les prêts et dépôts bancaires en devises, les réserves des banques centrales, les volumes de change et les émissions de dettes (22,6 % contre 24,7 % en 2022).

Le dollar reste trois fois plus présent que l’euro dans la plupart des segments de la finance mondiale (activité des devises, dette, prêts…). Cependant, celui-ci a légèrement progressé comme monnaie de facturation pour le commerce de la zone euro avec des pays tiers. Les importateurs réduisent ainsi le risque de change en payant 52 % des importations dans la zone euro en euro. Pour les entreprises (import-export…) qui paient leurs fournisseurs en dollars, la dépréciation de la monnaie représente un risque financier.

l’Euro en pleine guerre des devises

Christine Lagarde, présidente de la BCE, a noté que « les parts de l’euro dans les différents indicateurs de son usage international, mentionnés dans le rapport, sont conformes à leurs moyennes depuis 1999 ». Toutefois, ce n’est pas le cas pour l’économie de la zone euro. Depuis le lancement de cette monnaie il y a vingt-six ans, la part de la zone euro dans le produit intérieur brut (PIB) mondial est passée de près de 18 % à 12 %. La résistance de celle-ci face à ce déclin est d’autant plus remarquable. Dans l’environnement actuel, des pays du G7 (États-Unis, Royaume-Uni, Canada…) bénéficient de taux d’intérêt plus élevés que dans la zone euro, ce qui favorise l’investissement dans leurs devises.

« La vigilance est de rigueur » face aux concurrents, estime Christine Lagarde. De plus, « l’accumulation d’or comme actif de réserve s’est poursuivie, notamment dans les pays étroitement liés à la Russie, ainsi que les investissements dans d’autres monnaies de réserve. Globalement, cela suggère que le statut international de l’euro ne doit pas être pris pour acquis ». Sous l’impulsion de la Chine, les 9 pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Égypte, Iran, Éthiopie, Émirats arabes unis) cherchent à promouvoir l’usage de leurs devises au détriment du dollar et de l’euro. Ces « dissidents de l’ordre monétaire mondial » ont ouvert un nouveau front Nord-Sud dans le conflit des devises après la guerre en Ukraine.

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