Le Tour de France, une machine économique qui ne déraille jamais

Le Tour de France fait partie des plus grands événements sportifs mondiaux, mais une ombre plane sur ses finances. Entre droits de diffusion et revenus publicitaires, plongeons dans les comptes du Tour.

Le Tour de France 2024 prendra son départ le 29 juin à Florence, en Italie. Une première pour le grand départ de la 111e édition. Autre grande première, en raison des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, l’arrivée ne se fera pas sur les Champs-Élysées à Paris mais à Nice. Cette édition n’en reste pas moins attendue. Parmi les 176 cyclistes, nombreux sont ceux qui rêvent de porter le maillot jaune et de graver leur nom dans l’histoire du Tour.

Outre la gloire, le leader du classement général remportera également une prime de 500 000 euros, à partager avec ses sept coéquipiers. Le deuxième recevra 200 000 euros et le troisième 100 000 euros. Les primes diminuent progressivement jusqu’à la 20e place, où elles sont de 1 000 euros, montant attribué aussi jusqu’au 160e. Depuis les années 2000, ces sommes ont peu évolué. L’équipe du vainqueur empochant 400 000 euros en 2003, 450 000 en 2006 et 500 000 depuis 2016.

Les années 1980 et 1990 ont été cruciales pour l’économie du Tour de France. Amaury Sport Organisation, l’organisateur, ne divulgue pas ses comptes. Pourtant, des sources indiquent une transformation majeure de son économie durant ces décennies, établissant le modèle actuel.

Explosion des droits de diffusion

Le Tour de France a commencé à être rentable à partir de la seconde moitié des années 1970. Celui-ci générant environ 1 500 000 F de bénéfices pour un chiffre d’affaires d’environ 10 000 000 F. Dans les années 1960 et début 1970, les pertes annuelles étaient évaluées à 200 000 F pour un chiffre d’affaires de 4 000 000 F. Cette tendance s’est accélérée dans les années 1980 et 1990. En effet, le chiffre d’affaires est passé de 5 à 50 millions d’euros. Pour cause, une augmentation massive des droits de diffusion télévisée, multipliés par 65.

Avant les années 1980, les chaînes de télévision publiques ne se faisaient pas concurrence, donnant un fort pouvoir de négociation aux diffuseurs. Cependant, avec l’arrivée de chaînes privées comme Canal+ en 1984 et M6 en 1987, la dynamique a changé. Cela à forcer les chaînes à remporter des enchères pour diffuser le Tour. Les revenus publicitaires et de sponsoring ont aussi augmenté, bien que moins rapidement. Dans les années 1990, le nombre de sponsors principaux a été réduit à quatre, chacun parrainant un maillot distinctif. Le Crédit Lyonnais (LCL depuis 2006) sponsorisant le maillot jaune. Les contributions des villes-étapes, bien qu’en augmentation en termes réels, ont vu leur part chuter de 40 % en 1952 à 5 % en 2003.

Primes ajustées pour le spectacle

La hausse des revenus s’est traduite par des primes plus attractives pour les coureurs, pour attirer les meilleurs. En 1980, un coureur moyen gagnait en primes l’équivalent de 2,6 mois du salaire moyen français. En 2000, il touchait près de huit mois de ce salaire. Les primes pour le vainqueur ont été multipliées par dix en monnaie constante. Le vainqueur en 1980 gagnant huit fois plus qu’un coureur moyen, vingt-cinq fois plus en 2000.

La théorie économique des tournois explique que l’incitation à se battre pour la victoire dépend des écarts de dotations entre les places. Cela a conduit à une réduction des différences de performance entre les meilleurs coureurs. Les primes sont partagées au sein de chaque équipe, récompensant aussi les efforts des équipiers.

Même si l’envie de gagner le Tour de France dépasse les motivations monétaires, la structure des primes vise à encourager la compétition. En 1952, par exemple, lorsque Fausto Coppi dominait, les primes pour les deuxième et troisième places ont été doublées. Cela a permis de maintenir l’intérêt de la course.

Une évolution spécifique au cyclisme ?

Bien que le chiffre d’affaires du Tour ait été multiplié par 10 et les droits de diffusion par 65 dans les années 1980 et 1990, cette croissance reste modeste. En effet, lorsque l’on compare à celle du football en France, le chiffre d’affaires des clubs professionnels a été multiplié par 20. De plus, les droits de diffusion télévisée ont eux été multiplié par 300 sur la même période. La télévision a favorisé le football plus que le cyclisme, ce dernier étant plus difficile à capter et à programmer. Cependant, le Tour a plus profité de cette évolution que les Jeux olympiques, grâce à la libéralisation précoce du marché de la télévision en France.

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