Baisse en vue ou longue pause assumée ? À l’approche de la prochaine décision de la Banque centrale européenne, la question revient sur toutes les lèvres. Les taux directeurs sont aujourd’hui à des niveaux jugés élevés pour la zone euro, avec un taux de dépôt à 2,00 %, un taux des opérations principales de refinancement à 2,15 % et un taux de prêt marginal à 2,40 %. Et la BCE a prévenu dans le compte rendu de sa dernière réunion que le niveau actuel était pensé pour durer si besoin.
Après avoir abaissé le taux de dépôt de 4 % à 2 % entre juin 2024 et juin 2025, l’institution a marqué une pause cet été. Les minutes publiées jeudi mettent en lumière une stratégie patiente, dans un contexte où l’inflation, autour de 2 % ces derniers mois, a légèrement regrimpé à 2,2 % en septembre. De quoi faire hésiter ceux qui espéraient une nouvelle détente rapide des taux ?
La BCE maintient des taux jugés robustes
Le message est clair dans les minutes : “être considéré comme suffisamment robuste pour gérer les chocs, compte tenu des risques d’inflation à double sens”, écrit le compte rendu de la BCE. En d’autres termes, pas de pression à relâcher davantage pour l’instant. Et pourtant. La banque centrale veut se laisser du temps pour observer la trajectoire des prix, des salaires et des conditions financières.
Les gouverneurs ont acté qu’”attendre davantage d’informations avant toute décision” restait la ligne de conduite. Dans le détail, garder les taux au niveau actuel “permettrait de gagner du temps pour évaluer les effets des droits de douane”, et “les incertitudes persistantes”, selon le même document. En parallèle, des voix au sein du Conseil décrivent une économie de la zone euro “plus résiliente que prévu”, un détail qui change tout pour la suite.
Baisse des taux ou statu quo fin octobre : les signaux à surveiller
Deux camps se dessinent. D’un côté, ceux qui voient des risques d’inflation orientés à la baisse, citant un euro plus ferme, la faiblesse des exportations face au ralentissement américain, des corrections sur les marchés et la volatilité de l’énergie. De l’autre, ceux qui redoutent des tensions haussières sur les prix, entre droits de douane, relances budgétaires en Europe et géopolitique. Car au fond, tout se jouera sur les prochaines données, alors que le Conseil des gouverneurs se réunit les 29 et 30 octobre à Florence, avec conférence de presse le 30 octobre.
Que regarder de près d’ici là ?
- L’inflation totale et sous‑jacente, en particulier les services,
- La dynamique salariale et l’activité,
- Le niveau de l’euro et le climat de marché, très sensibles aux droits de douane et à l’énergie.
Si ces risques ne se matérialisent pas, la probabilité d’une pause prolongée augmente. “devrait maintenir ses taux inchangés pour les deux prochaines années, selon le scénario d’analystes”, a commenté Carsten Brzeski, chez ING. Pour les ménages, cela signifie des effets immédiats limités sur le crédit immobilier et la rémunération de l’épargne tant que la BCE reste en mode attente. Et si une surprise sur l’inflation sous‑jacente ou les salaires tombait, le débat pourrait vite se rouvrir, mais là encore, avec prudence.