Un Conseil des ministres, deux textes budgétaires et une ligne directrice qui vise directement le portefeuille des retraités. Derrière les termes techniques, une même promesse gouvernementale : maîtriser la dépense, tout en retouchant la façon dont les pensions sont imposées et revalorisées au fil de l’année.
Présentés ce mardi matin, le PLF 2026 et le PLFSS 2026 engagent un calendrier serré au Parlement et des changements concrets pour les pensions comme pour l’impôt. Quels montants, quel calendrier, et pour qui l’effet sera-t-il favorable ou non ?
Budget 2026 gèle les retraites et sous-indexe les pensions dès 2027
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale prévoit un gel des retraites 2026 sur la base, avec un “gel de l’ensemble des retraites de base”, selon le texte consulté par l’AFP, et un gel d’autres prestations sociales comme les allocations familiales. Le texte ajoute une sous-indexation de 0,4 point des pensions pour les années suivantes à partir de 2027. Dans le même mouvement, l’économie attendue atteindrait 3,6 milliards d’euros sur retraites et prestations, d’après le document.
D’un autre côté, le Haut conseil des Finances publiques relève que, même sans indexation, le volume des pensions progresserait mécaniquement d’environ 6 milliards d’euros du fait d’effets démographiques. Côté procédure, après la présentation en Conseil des ministres, l’Assemblée nationale et le Sénat disposent de 70 jours pour examiner le projet de loi de finances et de 50 jours pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Un détail qui change tout : l’issue dépendra des votes et des arbitrages en séance.
Le forfait de 2 000 euros remplace l’abattement de 10 % et rebat les cartes
Autre ligne majeure du texte : le remplacement de l’abattement de 10 % sur les retraites par un abattement forfaitaire de 2 000 euros. Selon la justification jointe au projet, ce nouveau mécanisme aura pour effet “d’améliorer la situation des couples de retraités les plus modestes”, tout en mettant davantage à contribution les autres. D’après l’Institut des politiques publiques (IPP), la réforme serait sans impact pour celles et ceux qui perçoivent 20.000 euros de pension annuelle, et favorable en dessous de ce niveau. “Ils auront donc des revenus considérés comme plus bas, qui ouvrent droit à payer moins d’impôts et à percevoir plus de prestations sociales, alors que ce sera l’inverse pour les foyers fiscaux recevant plus de 20.000 euros.”
Le périmètre d’application joue un rôle clé. L’IPP a estimé en juillet qu’une application du forfait “à la fois au calcul de l’impôt sur le revenu et à celui des aides au logement serait fortement redistributif, tout en permettant une amélioration du solde budgétaire d’environ 550 millions d’euros”. À l’inverse, “une application uniquement au calcul de l’impôt sur le revenu conduirait à des recettes presque deux fois plus importantes (environ un milliard d’euros), pour un effet redistributif moindre et une grande majorité de perdants à la réforme”.
Concrètement, si le nouvel abattement de 2 000 euros est pris en compte aussi pour les aides au logement, la mesure se traduirait par 1,5 million de gagnants, soit 9 % des retraités, contre 1,4 million de perdants, soit 8 %. Si elle ne s’applique qu’à l’impôt, environ 100 000 retraités seulement seraient gagnants, toujours selon l’IPP.