Un billet sous le matelas, un coffre au fond d’un placard, “au cas où”… La question revient à chaque crise ou bug de carte : combien d’argent liquide chez soi peut-on garder sans se mettre en faute en France ? La réponse paraît simple, mais elle s’accompagne de règles très concrètes sur l’usage et la traçabilité des espèces. Et là, mieux vaut être précis.
Particuliers, en France, aujourd’hui, vous pouvez détenir des espèces chez vous, mais leur utilisation est encadrée et l’origine des fonds doit pouvoir être expliquée en cas de contrôle. En réalité, la vraie question n’est pas “combien garder”, mais “comment l’utiliser et le justifier” sans faux pas.
Garder de l’argent liquide chez soi ne connaît aucun plafond légal
Contrairement à une idée reçue, la loi française ne fixe aucun plafond légal pour conserver des espèces à domicile. Vous êtes libre de garder quelques centaines, quelques milliers, voire des dizaines de milliers d’euros en billets, sans déclaration particulière. La simple détention n’est ni interdite ni suspecte si elle reste cohérente avec vos revenus et votre patrimoine.
Il faut dire que la confusion vient d’un repère souvent cité : autour de 10 000 €, les autorités attendent de pouvoir comprendre l’origine des fonds. Et pourtant, ce n’est pas un plafond de détention, juste une zone de vigilance administrative. Le principe ne change pas : vous pouvez garder ce que vous voulez chez vous, à condition de pouvoir en expliquer la provenance en cas de question.
Utiliser ses espèces en France obéit à des plafonds précis
D’un autre côté, les plafonds existent bel et bien pour payer. Entre un particulier et un professionnel domicilié en France, le paiement en espèces est limité à 1 000 €. Si vous êtes non-résident fiscal en France, ce plafond monte à 15 000 € sur présentation d’une pièce d’identité. Ces seuils visent à limiter le blanchiment d’argent et à assurer une traçabilité minimale.
Pour l’administration (impôts, amendes, taxes), le règlement en espèces est plafonné à 300 €. Entre particuliers, aucun plafond légal n’existe, mais il est recommandé de formaliser tout paiement supérieur à 1 500 € par un écrit pour la preuve. Un détail qui change tout en cas de litige.
Justifier l’origine, banque et douanes : les seuils à connaître
Garder du cash chez soi n’est pas un problème, mais il faut pouvoir justifier l’origine des fonds : retraits bancaires, vente d’un bien, héritage, économies personnelles. En cas de contrôle fiscal, douanier ou judiciaire, des explications claires et documentées sont attendues. À défaut, l’argent peut être requalifié en revenu non déclaré, avec redressement, amendes, voire poursuites pour fraude ou blanchiment. À noter aussi, lors d’un décès, la présence d’espèces importantes au domicile doit être mentionnée dans l’acte de succession.
Côté banques, la vigilance est renforcée. Un dépôt d’espèces autour de 8 000 € peut déclencher des demandes de justificatifs, un retrait important dès 5 000 € aussi, et des dépôts fractionnés rapprochés sont surveillés. Surtout, les établissements transmettent automatiquement à Tracfin certaines informations lorsque retraits et versements en espèces dépassent 10 000 € sur un mois calendaire. Pour les voyages, transporter plus de 10 000 € en liquide impose une déclaration douanière à l’entrée comme à la sortie du territoire, sous peine d’une sanction pouvant atteindre 50 % de la somme non déclarée, avec une amende minimale de 1 750 €. Mieux vaut garder ses justificatifs à portée et anticiper ses démarches, car au fond, tout est une question de traçabilité et de cohérence.