Biogaran : La vente du N°1 français des médicaments génériques suscite l’inquiétude  

Alors que le laboratoire Servier n’a encore rien annoncer Gabriel Attal, le chef du gouvernement a pris les devants face au potentiel rachat de Biogaran, le fabricant de générique. 

Le Premier ministre a déclaré ce mercredi que tout repreneur non européen devra se préparer à des conditions drastiques. Ceux cherchant à acquérir Biogaran, actuellement détenu par Servier, feront face à une vigilance exceptionnelle du gouvernement. Gabriel Attal a aussi mentionné la possibilité d’activer la procédure de contrôle des investissements étrangers en France pour « protéger notre souveraineté ». 

Bien que la vente de du numéro un des générique reste à l’état de rumeur, le sujet a été abordé à l’Assemblée nationale lors de la séance de questions au gouvernement. Plusieurs médias rapportent que Servier envisage de vendre sa filiale de médicaments génériques depuis plusieurs mois. Plusieurs acquéreurs potentiels, y compris des étrangers, manifestant leur intérêt. 

« Protection de la santé publique »

« Nous serons d’une vigilance exceptionnelle et tout repreneur non-européen doit s’attendre à des conditions drastiques s’il veut espérer acquérir Biogaran », a averti Gabriel Attal. Le Premier ministre a également précisé avoir été très clair avec Servier. « Nous ne souhaitons pas qu’ils vendent Biogaran », ajoutant que « l’Europe doit être le vecteur de notre souveraineté, notamment en matière de santé ». 

La possible vente de Biogaran, producteur d’une boîte de médicaments sur huit vendues en pharmacie et près d’un tiers des médicaments génériques en France, inquiète fortement l’Exécutif, engagé dans une reconquête de la souveraineté sanitaire. Le gouvernement ne compte pas rester passif face à cette situation. 

« Si Servier décide de vendre Biogaran, nous nous réservons la possibilité d’activer la procédure de contrôle des investissements étrangers en France pour protéger notre souveraineté », a confirmé Gabriel Attal. Cette procédure s’applique lorsqu’un acteur non-européen cherche à acquérir 10% ou plus des droits de vote d’une société française cotée (ou 25% pour une société non cotée) opérant dans un secteur stratégique, comme la « protection de la santé publique ». 

Inquiétudes sur l’approvisionnement 

Le gouvernement a déjà exprimé sa détermination concernant la vente de Biogaran. Avant le Premier ministre, Roland Lescure et Frédéric Valletoux avaient exprimé leur inquiétude. Un potentiel transfert de production à l’étranger pourrait aggraver les pénuries de médicaments en France, y compris des génériques. La disparition de Biogaran pourrait sérieusement compromettre l’approvisionnement en génériques. Ce marché est déjà sous-dimensionné en France. Selon Frédéric Bizard, spécialiste en santé et professeur d’économie à l’École supérieure de commerce de Paris.

Bien que des génériques soient toujours disponibles, l’acquéreur pourrait cesser la production de certains produits. Il pourrait aussi les faire fabriquer ailleurs. Cela irait à l’encontre de la stratégie de réindustrialisation du gouvernement. « L’État est à la manœuvre et fait ce qu’il peut pour rassurer », explique Frédéric Bizard. Il ajoute que bien que l’État ne puisse s’opposer à la reprise, il pourrait exiger des garanties. C’est-à-dire qu’il peux exigé le maintien des contrats avec les sous-traitants et des emplois en France. 

Quatre repreneurs potentiels 

À ce jour, la mise en vente de Biogaran n’a pas été officiellement confirmée, mais plusieurs noms d’acquéreurs potentiels circulent déjà. Parmi eux, deux grands groupes indiens, Torrent Pharmaceuticals et Aurobindo Pharma, ainsi que la société d’investissement britannique BC Partners. Un repreneur français, le laboratoire et sous-traitant pharmaceutique Benta Lyon, est également mentionné. Cette entreprise a repris le site Famar à Saint-Genis-Laval près de Lyon en 2020. Elle produit et commercialise des médicaments, y compris des génériques. Elle appartient à la holding française Benta SAS. Cette holding est détenue par l’investisseur libanais Bernard Tannoury. Elle compte 118 collaborateurs et prévoit un chiffre d’affaires de 24 millions d’euros cette année. En avril, elle a annoncé le lancement d’une nouvelle production de paracétamol dans son usine rhône-alpine, capable de produire 80 millions de boîtes par an, afin de « renforcer la production de l’industrie pharmaceutique sur le territoire national ». 

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