En début de semaine, les actions bancaires ont subi de fortes secousses en Bourse. L’instabilité politique causée par la dissolution de l’Assemblée nationale et la possible montée du Rassemblement national sont perçues comme des menaces sérieuses pour ce secteur.
La situation est critique. Cela fait suite aux événements de dimanche soir. Dans un premier temps, les résultats des élections européennes, où le Rassemblement national (RN) a récolté un tiers des voix en France, ont créé une onde de choc. Dans un second temps, l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, qui a suivi les résultats, a intensifié l’instabilité. En conséquence, cela a entraîné une baisse des actions bancaires. En seulement deux jours, Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole ont perdu plus de 10 milliards d’euros en capitalisation boursière. Plus précisément, l’action de Société Générale, à elle seule, a chuté de 12 % en deux jours.
Mercredi, les cours des trois grandes banques françaises ont légèrement rebondi, suivant la tendance du CAC 40. Cependant, les pertes initiales ne sont pas totalement compensées et les prochains jours s’annoncent encore instables.
Le marché volatil des banques
Mercredi, les analystes de Citi ont expliqué que “l‘incertitude sur la composition du futur gouvernement et la politique économique adoptée après les élections législatives des 30 juin et 7 juillet est principalement responsable de la réaction négative des marchés“. Un stratège en actions d’une grande banque a ajouté : “Le marché restera volatil en attendant le résultat des élections françaises. Les grands investisseurs américains et asiatiques vont éviter de prendre des positions significatives sur les actions européennes. Ils attendront de voir.“
Les analystes d’Alpha Value ont souligné que “le secteur bancaire pourrait souffrir d’une détérioration de l’environnement macroéconomique, marqué par l’incertitude politique et économique et les interrogations sur la trajectoire budgétaire du pays“. Ils ont ajouté qu’en cas de changement de majorité, les investisseurs, tant publics que privés, pourraient reporter leurs décisions, ce qui affecterait une croissance déjà fragile.
Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG, a expliqué : “L’instabilité politique peut ralentir l’activité économique, ce qui peut évidemment se répercuter sur les banques et leur rentabilité“. Un banquier a noté que certains clients sont inquiets et mettent en pause leurs projets.
Risques et taxes spécifiques
Les analystes mettent également en garde contre une possible augmentation des impayés et du coût du risque pour les banques, ce qui pourrait affecter leurs résultats. En cas de détérioration de l’économie, la qualité des actifs en portefeuille pourrait diminuer, selon Alpha Value.
Cependant, la prudence est de mise à ce stade de la campagne électorale. Les analystes de Citi partagent qu’ils trouvent difficile de mesurer précisément l’impact des politiques envisagées, compte tenu de l’absence de détails sur le programme économique et des discussions en cours entre les partis.
Projets en attente
Les banquiers restent prudents. “Nous avons examiné le programme fiscal mais n’avons trouvé rien d’explicite”, a confié le patron d’une banque patrimoniale. “En cherchant, on trouve des projets de mesures fiscales, comme un impôt sur la fortune immobilière et une nationalisation des autoroutes, qui auraient forcément un impact sur l’économie et le secteur bancaire”.
Dans une lettre envoyée à ses clients, cette banque a listé les impacts économiques observés cette semaine, y compris la hausse des taux et la volatilité des actions bancaires. “Nos clients ne paniquent pas, mais ils demandent à être bien informés et restent prudents“. Un client a déjà gelé un important investissement immobilier en attendant d’y voir plus clair.