En 2026, vous pourriez perdre 360 € sur 1 000 € de gains d’épargne. Ce scénario, qui semblait improbable il y a encore un an, s’impose aujourd’hui comme une hypothèse sérieusement envisagée par le gouvernement. La flat tax, ce prélèvement de 30 % sur les revenus du capital, pourrait grimper à 33 % ou même 36 %. Une mesure testée en coulisses par Bercy, qui viserait à réduire le déficit public tout en allégeant les impôts des ménages modestes.
La nouvelle a fuité quelques jours avant la présentation du projet de loi de finances. Selon plusieurs sources proches de Matignon, cette hausse ferait partie des scénarios discutés en haut lieu. Le Premier ministre Sébastien Lecornu a d’ailleurs annoncé la couleur dans Le Parisien : “Certains impôts augmenteront, mais d’autres diminueront”. Il ajoute vouloir une réforme fondée sur “des efforts partagés et justes”. De quoi inquiéter les millions de Français qui placent une partie de leurs revenus sur des produits d’épargne classiques.
Assurance-vie, PEA, comptes-titres : qui va vraiment payer la note ?
Depuis son instauration en 2018, la flat tax s’applique à un large éventail de produits : assurance-vie, comptes-titres, PEL et CEL récents, obligations, dividendes, plus-values mobilières… mais pas aux livrets réglementés comme le Livret A, le LDDS ou le LEP, qui restent exonérés.
En cas de relèvement à 36 %, l’impact serait immédiat :
- Comptes-titres : les plus touchés. Un gain de 1 000 € rapporterait seulement 640 € nets, contre 700 € aujourd’hui.
- Assurance-vie : les anciens contrats bénéficieraient toujours d’un abattement fiscal annuel (4 600 € pour une personne seule), mais au-delà, les gains seraient amputés de 36 %.
- PEA : toujours exonéré d’impôt après 5 ans, mais les prélèvements sociaux pourraient augmenter, diminuant le rendement net.
- PEL et CEL ouverts après 2018 : concernés à plein régime par cette hausse.
- Livrets bancaires fiscalisés : déjà faiblement rémunérateurs, leur attrait serait encore réduit.
Concrètement, une hausse à 33 % ferait perdre 30 € supplémentaires pour chaque 1 000 € de gains. À 36 %, c’est 60 € de moins. Un coup dur pour les profils prudents.
Comment réagir maintenant selon votre profil d’épargnant ?
Face à cette possible réforme, certains n’attendent pas les arbitrages finaux. Les stratégies d’évitement commencent déjà à émerger.
Les épargnants les plus avertis réallouent leur argent vers des produits non fiscalisés : or physique, livrets réglementés, assurance-vie de plus de 8 ans. Ceux qui détiennent des comptes-titres envisagent de liquider une partie de leurs positions avant 2026. D’autres misent sur la stabilité fiscale du PEA, malgré une rentabilité incertaine à court terme.
Le gouvernement, lui, temporise. “Rien n’est arbitré”, précise Matignon. Mais les propos de Sébastien Lecornu confirment une volonté de redistribution : “Faut-il encore augmenter les impôts globalement ? Je ne le veux pas. Est-ce qu’en revanche la répartition de la charge au sein des impôts actuels doit évoluer ? De toute évidence, oui”. “Je ferai une proposition de budget dans laquelle certains impôts augmenteront, mais d’autres diminueront”.
Le texte budgétaire doit être déposé d’ici le 13 octobre. Si le Parlement ne statue pas dans les 70 jours, une ordonnance pourrait suffire à faire passer la mesure. La flat tax, symbole de stabilité depuis 2018, s’apprête à entrer en zone de turbulence.