Face à la montée du Rassemblement National au premier tour des législatives, Gabriel Attal suspend la réforme de l’assurance chômage. Une manœuvre politique pour contrer l’extrême droite et favoriser les alliances républicaines avant le second tour.
Les élections législatives françaises viennent de secouer la scène politique nationale. Le dimanche 30 juin, le Rassemblement national, mené par Jordan Bardella, s’est imposé en tête avec 33,4 % des voix et 39 députés élus dès le premier tour. Devant cette montée en puissance de l’extrême droite, Gabriel Attal, Premier ministre, a annoncé la suspension de la réforme de l’assurance chômage prévue pour le 1er juillet.
La réforme de l’assurance chômage, qui devait entrer en vigueur ce lundi 1er juillet, prévoyait de réduire la durée maximale d’indemnisation de 18 à 15 mois pour les moins de 57 ans et de modifier les conditions de durée de travail, exigeant huit mois d’activité sur les 20 derniers mois. Ce durcissement des règles, contesté par de nombreux acteurs, a finalement été mis en pause en réponse aux résultats électoraux.
Stratégie électorale et appels aux électeurs
L’entourage de Gabriel Attal a expliqué que cette décision est le “premier acte de Gabriel Attal dans l’esprit des futures majorités de projets et d’idées“. En dénonçant l’extrême droite “aux portes du pouvoir“, Attal vise à empêcher le Rassemblement National d’obtenir une majorité absolue au second tour. Il a ainsi appelé les électeurs à ne pas donner leurs voix au parti de Bardella : “Notre objectif est clair : empêcher le Rassemblement National d’avoir une majorité absolue au second tour, de dominer l’Assemblée nationale et de gouverner le pays avec le projet funeste qui est le sien.“
Cette suspension vise également à faciliter des reports de voix de gauche pour le second tour des législatives. En effet, l’entourage d’Attal a souligné que cette réforme pourrait faire l’objet de discussions et d’aménagements avec les forces républicaines, soulignant ainsi l’ouverture à des “futures majorités de projets“. Ce geste pourrait aider à consolider un front républicain contre la montée du RN, en particulier dans les circonscriptions où les candidats du Nouveau Front populaire pourraient se retirer au profit de ceux de la majorité.
Un décret temporaire pour éviter un vide juridique
En attendant, un décret de jointure sera publié ce lundi dans un “Journal officiel” exceptionnel. Ce décret maintiendra les règles actuelles jusqu’au 31 juillet, évitant ainsi un vide juridique. “Sans nouveau décret, les règles d’indemnisation seraient tombées d’elles-mêmes”, a précisé le ministère du Travail, soulignant l’urgence de la situation.