Les élections législatives anticipées de 2024 ont laissé la France dans une situation politique inédite et complexe. Ni le Nouveau Front Populaire, ni le camp présidentiel, ni le Rassemblement National n’ont réussi à obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale, plongeant le pays dans une période d’incertitude à quelques semaines des Jeux olympiques de Paris. Alors que le Premier ministre sortant, Gabriel Attal, s’apprête à démissionner, les tractations pour former une majorité s’annoncent ardues.
Le verdict des urnes a été sans appel : aucun des principaux blocs politiques n’a atteint les 289 sièges nécessaires pour une majorité absolue. Le Nouveau Front Populaire (NFP) a obtenu environ 190 sièges, le camp présidentiel environ 160 sièges, et le Rassemblement National et ses alliés plus de 140 sièges.
Gabriel Attal a annoncé qu’il remettrait sa démission à Emmanuel Macron, même s’il s’est déclaré prêt à rester à Matignon « aussi longtemps que le devoir l’exigera » en raison des préparatifs des Jeux olympiques. La décision du président de la République, qui doit nommer le nouveau Premier ministre, est très attendue.
Un casse-tête pour former une majorité
La formation d’une majorité parlementaire semble presque insoluble sans alliances inédites. Stéphane Séjourné, patron de Renaissance, a indiqué que le camp présidentiel posera des « conditions préalables à toute discussion ». Cependant, le bloc macroniste a exclu toute alliance avec La France Insoumise, une position également adoptée par Jean-Luc Mélenchon.
Les Républicains, dirigés par Laurent Wauquiez, ont obtenu une soixantaine de sièges mais ont aussi rejeté l’idée de coalition avec le camp présidentiel, malgré le ralliement de leur chef Eric Ciotti au RN. Wauquiez a déclaré qu’il « n’y aura ni coalition ni compromission » de la part de LR.
Des alliances improbables et des défis internes
À gauche, le Nouveau Front Populaire doit surmonter ses divergences internes. Cette alliance hétérogène inclut des figures allant de Jean-Luc Mélenchon à Raphaël Glucksmann, et même l’ex-président François Hollande. Clémentine Autain et François Ruffin, en rupture avec La France Insoumise, ne siégeront pas avec leurs anciens collègues, ajoutant à la complexité.
Jean-Luc Mélenchon a exigé que Macron « s’en aille ou nomme un Premier ministre » issu du NFP, tandis que Raphaël Glucksmann a adopté une approche plus conciliante, appelant au dialogue face à une Assemblée « divisée ».
Le RN face à la déception et aux ambitions futures
Le Rassemblement National, malgré une progression en sièges, n’a pas réussi à réaliser le « plan Matignon » de Jordan Bardella, son jeune président de 28 ans. Marine Le Pen a néanmoins affirmé que la victoire du RN n’était « que différée » et que « la marée continue à monter », se projetant déjà vers l’élection présidentielle de 2027.
Une Assemblée en mutation
La répartition des groupes politiques et l’attribution des postes clés de l’Assemblée nationale vont également alimenter les discussions. L’élection du futur président de l’Assemblée est prévue pour le 18 juillet, avec la sortante Yaël Braun-Pivet toujours en lice.