Législatives 2024, les débats s’intensifient sur le SMIC

Pour booster le pouvoir d’achat, le Nouveau Front populaire envisage une augmentation de 200 euros net du salaire minimum, une hausse exceptionnelle par son ampleur. Des compensations financières sont prévues pour les petites entreprises, mais les détails restent flous. Les économistes sont divisés sur les impacts potentiels sur l’emploi.

Dès son entrée en fonction, Gabriel Attal s’était engagé à « désmicardiser » la France. Pourtant, si le Nouveau Front populaire (NPF) remporte les élections, ils promettent de faire le contraire en augmentant le SMIC à 1.600 euros net. Cela représente une hausse de 14,3 %. Une telle augmentation, comparable à celle de 10 % en 1981, suscite des questions sur les coûts économiques et sociaux.

Sans surprise, cette proposition est mal reçue par les organisations patronales. Celle-ci alertent sur un impact négatif sur la compétitivité et l’emploi. L’Institut Montaigne estime à 3,5 milliards le coût pour les finances publiques, notamment en pertes de cotisations sociales. « La situation est critique », a déclaré Michel Picon, président de l’U2P, sur RTL.

Réévaluations répétées

Le SMIC, indexé sur l’inflation, a été réévalué huit fois depuis 2021. Aujourd’hui se sont près de 17,3 % de salariés rémunérés à ce niveau. Avec cette augmentation à u euros cela qui pourrait grimper à 25 % selon l’équipe de Gabriel Attal. Cependant, le NPF reste confiant. Et espère que les salaires progresseront plus que l’inflation et que les minima de branches seront réévalués, évitant ainsi un tassement au niveau du SMIC.

Hadrien Clouet, député sortant LFI, se montre optimiste : « Cet effet de tassement ne nous inquiète pas ». Le NFP mise sur des mesures fiscales et sociales pour soutenir cette augmentation.

Impact sur l’emploi : des avis partagés

Les avis divergent sur l’impact sur l’emploi. Si certains prévoient une hausse du coût du travail pour les moins qualifiés, d’autres soulignent que les allègements de cotisations pour les salaires supérieurs pourraient compenser. La consommation accrue due à un pouvoir d’achat plus élevé pourrait également stimuler l’embauche, même si des mesures pour gérer le déficit public pourraient avoir l’effet inverse.

si le salaire minimum se voyait augmenter, l’Institut Montaigne anticipe la destruction de 33.000 emplois. Pour Éric Heyer de l’OFCE c’est pas moins d’environ 50.000, tout en admettant les limites de ses modèles. Gabriel Attal, plus pessimiste, évoque 500.000 emplois menacés. Hadrien Clouet, de son côté, table sur une balance nulle entre création et destruction d’emplois.

Pour soutenir les entreprises, le NFP prévoit de plafonner les loyers et les prix de l’énergie, en proposant un fonds de compensation financé par une taxe sur les super profits. Selon Hadrien Clouet, cette « mutualisation » ne coûterait rien à l’État.

Avis d’experts et frustrations des salariés

Gilbert Cette, professeur d’économie, d’écrit cette mesure comme rétrograde. Il crin une augmentation de la pauvreté en raison de trappes à bas salaires. Celles-ci, même si leur existence n’est pas prouvée, résultent des interactions complexes entre les exonérations de cotisations patronales, les prestations sociales et l’imposition sur le revenu.

Une étude Rexecode, commandée par le Haut Conseil du financement de la protection sociale, montre que 8 % des entreprises rencontrent des obstacles à la progression salariale en raison de ce coin socio-fiscal. Olivier Redoulès, directeur des études, souligne que ces freins sont souvent exacerbés par des problèmes de marges et de trésorerie. Le Smic a 1 600 euros reste donc encore un débat houleux des législatives.

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