
Imaginez transférer 1 000 euros à un proche et découvrir que votre virement est mis en attente pendant 24 heures. C’est exactement ce que redoutent de nombreux internautes après avoir vu une vidéo virale sur TikTok. Selon cette dernière, toute somme au-delà de 800 euros serait désormais bloquée par les banques pour un contrôle fiscal. Une affirmation qui a fait grand bruit, mais qui s’avère totalement infondée.
À partir du 9 octobre 2025, une nouvelle réglementation européenne baptisée Verification of Payee (VoP) impose effectivement une vérification systématique du nom du bénéficiaire par rapport à l’IBAN saisi lors d’un virement. Cette procédure vise à mieux protéger les utilisateurs contre les fraudes, comme les usurpations d’identité ou les RIB falsifiés. Contrairement aux rumeurs, elle ne concerne pas uniquement les virements supérieurs à 800 euros et ne prévoit aucun blocage automatique en fonction du montant.
800 euros et les virements : une fausse alerte virale
Tout est parti d’une vidéo TikTok publiée le 26 mai 2025 par le compte actu.france25, suivie par plus de 46 000 utilisateurs. On y entend : “A partir du 16 octobre 2025, tout virement supérieur à 800 euros entre particuliers sera temporairement bloqué pendant 24 heures pour vérification”. La séquence, largement diffusée sur les réseaux sociaux, affirme également : “Concrètement, si tu envoies plus de 800 euros à un ami, un membre de ta famille ou un particulier que ce soit pour un remboursement, un achat ou un prêt, ton virement ne sera plus instantané, mais sera automatiquement mis en attente pendant 24 heures afin d’être vérifié par un système de contrôle mis en place par les banques en lien avec l’administration fiscale”.
Face à cette désinformation, la Fédération bancaire française a été claire : “Il n’est pas prévu de bloquer automatiquement les virements de plus de 800 euros”. Le ministère de l’Économie a lui aussi démenti toute coordination avec l’administration fiscale sur ce point. La Fédération a également souligné : “La désinformation” relayée dans la vidéo avait été développée “à partir d’une information vaguement en lien avec le sujet”.
La réalité est bien différente. La nouvelle obligation ne vise qu’à alerter l’utilisateur en cas de discordance entre le nom et l’IBAN du destinataire. À ce moment-là, un message s’affichera pour l’avertir du risque, mais il restera libre de valider ou non le virement. “Le client restera seul décideur d’émettre son virement ou non, car il est responsable des coordonnées bancaires (IBAN) qu’il renseigne pour effectuer un paiement”, précise la Fédération.
Une réforme pour renforcer la sécurité, pas pour surveiller les montants
Le système VoP est une réponse aux nombreuses fraudes observées ces dernières années. Pensé par le Conseil européen des paiements, il permet une vérification instantanée entre l’émetteur et le destinataire d’un virement via leurs prestataires bancaires. L’objectif : éviter les erreurs ou manipulations malveillantes avant qu’il ne soit trop tard.
La mesure est universelle, elle s’applique à tous les virements – instantanés ou non – et sans seuil minimum. Aucun virement ne sera mis en pause 24 heures, comme le prévoit d’ailleurs le texte européen qui précise que les établissements doivent “évite[r] que le traitement de l’opération ne soit indûment bloqué ou retardé”.
Dans ce contexte, les clients devront tout de même rester attentifs aux noms enregistrés dans leur liste de bénéficiaires. Un effort de mise à jour sera demandé, notamment pour éviter toute erreur bloquante au moment de l’envoi. Le reste du processus, y compris les délais d’exécution, restera inchangé dans la majorité des cas.
Si certains internautes s’insurgent – “Nous n’avons plus de libertés dans ce pays”, peut-on lire parmi les commentaires – il ne s’agit pas d’un outil de contrôle fiscal massif mais d’un garde-fou technique au service des utilisateurs. Un cran de sécurité en plus, sans contrainte majeure pour les usagers.