Faire un virement d’un Livret A à un LEP, ou d’un Livret Jeune vers un LDDS ? Cela semble anodin. Pourtant, cette opération courante sera bientôt interdite dans toute l’Union européenne, y compris en France. En cause : une directive bancaire passée inaperçue qui entre en application dès octobre 2025. Et les conséquences pourraient être bien plus importantes que prévu pour les particuliers.
Derrière cette mesure, un objectif affiché : renforcer la lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent. Mais en pratique, c’est surtout la simplicité des transferts d’épargne qui disparaît. Ce changement technique va bousculer les habitudes d’une large partie des épargnants.
Ce que cette nouvelle règle interdit concrètement
Tous les virements directs entre livrets d’épargne deviennent proscrits, y compris s’ils appartiennent à une même personne. Impossible donc de transférer son argent de livret à livret. Seule alternative : passer par un compte courant au nom du titulaire.
Ce changement ne laisse aucune place à l’exception. Même les transferts entre membres d’une même famille sont concernés. Finis les virements des grands-parents vers les livrets des petits-enfants. L’unique dérogation concerne les enfants mineurs dont les parents ont la responsabilité légale, à condition de le prouver.
Les banques rejettent désormais toute opération qui ne suit pas ce parcours précis. Et cela concerne aussi les personnes possédant plusieurs livrets dans différentes enseignes : chaque transfert devra transiter par leur compte courant, au risque de ralentir les opérations et d’occasionner des refus.
Des impacts directs sur le quotidien bancaire des Français
Ce bouleversement va bien au-delà d’un simple ajustement technique. Là où un seul clic suffisait auparavant, il faudra désormais réaliser deux étapes : vider le livret, puis revirer l’argent vers un autre. Un processus qui, en cas d’urgence, peut devenir un vrai casse-tête.
Les virements automatiques ne sont pas épargnés : ils doivent tous être reconfigurés pour passer par le compte de dépôt. Les applications bancaires bloquent désormais toute tentative de configuration directe entre deux produits d’épargne.
Autre effet collatéral : les pertes d’intérêts. Les livrets calculent leurs rendements par quinzaine. Si les transferts sont mal synchronisés, plusieurs jours d’intérêts peuvent être perdus à chaque opération. À l’année, cela représente des dizaines d’euros envolés pour les épargnants les plus réguliers.
En pleine période d’inflation, cette réforme contraint donc les Français à repenser leur gestion financière. Une règle discrète, mais dont les effets seront très visibles à partir de cet automne.