Le plafond symbolique des 4000 dollars a sauté. Cette nuit, à 02h00 GMT, l’once d’or a atteint 4001,11 dollars sur le marché au comptant asiatique. Sur le Comex, à New York, la version à livraison décembre avait déjà franchi ce seuil la veille. Une envolée historique, totalement inédite, qui bouscule les marchés et révèle une nervosité palpable chez les investisseurs.
En 2025, le métal jaune affiche une progression de plus de 40 %. Sur trois ans, la hausse atteint 135 %. Des chiffres vertigineux pour une valeur qui ne verse aucun rendement, mais qui concentre désormais toutes les attentions. “Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’or a déjà augmenté de plus de 40 % en 2025 et se dirige vers une troisième année consécutive de gains à deux chiffres”, observe pour 20 Minutes Stephen Innes, de SPI Asset Management.
Une spirale de crises alimente la fièvre autour de l’or
Depuis la pandémie de 2020, chaque nouvelle crise a renforcé la place de l’or comme refuge ultime. Les investisseurs se ruent vers ce métal qu’ils savent insensible aux soubresauts des marchés. Mais ce nouveau record est le fruit d’un cocktail explosif : blocage budgétaire américain, tensions géopolitiques au Moyen-Orient, guerre en Ukraine, incertitude politique en France.
Le retour au pouvoir de Donald Trump a également électrisé les marchés. Son imprévisibilité, sa politique commerciale offensive, ses menaces sur l’UE et la Chine, ou encore ses pressions sur la Réserve fédérale ont accentué les doutes. La demande d’or s’est alors emballée. Le dollar, valeur refuge concurrente, s’est affaibli.
Les banques centrales et les marchés jouent la surenchère
Dans ce climat anxiogène, les banques centrales des pays émergents – Chine, Russie, Turquie – accélèrent leurs achats d’or pour se désengager du dollar. En Europe, la BCE et ses homologues suivent avec attention. Le métal devient un rempart face à l’inflation, à la dette publique et à l’incertitude monétaire.
Même les marchés boursiers, pourtant en hausse, contribuent à cet engouement. L’or devient un outil de diversification plus attractif que jamais. “Il semble y avoir beaucoup de liquidités disponibles”, note Chris Beauchamp, analyste chez IG. Résultat : entre actions surévaluées, obligations d’État à risques et flambée du bitcoin, les investisseurs multiplient les arbitrages en faveur de l’or.
Un phénomène amplifié par la crainte de manquer le train en marche. “Les investisseurs mondiaux se retrouvent confrontés à une insoutenable ‘ peur de rater quelque chose ‘, en anglais ‘Fomo’, ou ‘fear of missing out'”, analyse Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote Bank.
