Pourquoi la flambée de l’or n’est pas forcément une bonne nouvelle

L'or explose à près de 3.900 dollars l'once, mais cette flambée cache des risques majeurs pour l'économie mondiale.
flambée cours de l'or 2025

À peine entré en octobre, le cours de l’or tutoie déjà des sommets inédits. Ce mercredi matin, il atteignait 3.895,07 dollars l’once, après avoir franchi les 3.800 dollars en début de semaine. Un record historique, dopé par une série de facteurs qui n’ont rien de rassurant pour l’économie mondiale. À commencer par le “shutdown” américain, entré en vigueur pour la première fois depuis 2019. Un blocage politique aux États-Unis qui paralyse les institutions et amplifie les incertitudes, poussant les investisseurs vers les actifs jugés les plus sûrs.

Cette fuite vers le métal jaune n’est pas seulement motivée par le blocage du budget américain. L’introduction en Bourse à Hong Kong de Zijin Gold, filiale aurifère du géant chinois Zijin Mining, a créé une véritable euphorie. L’action a bondi de 68 % lors de sa première journée de cotation, révélant l’appétit croissant des marchés asiatiques pour l’or.

“Des achats significatifs d’ETC adossés à l’or physique, sans doute motivés par la quasi-certitude d’un shutdown aux États-Unis dès le 1er octobre ont été à la source de la flambée de l’or ce matin”, analyse auprès de Boursier.com Arnaud du Plessis, gérant de fonds pour CPR Asset Management. “L’arrivée de Zijin Gold, filiale de Zijin Mining, à la bourse de Hong Kong, a pu aussi stimuler les investisseurs”, poursuit-il.

L’or, un métal refuge devenu signal d’alerte économique

L’ascension de l’or ne date pas de cette semaine. Depuis la mi-août, le métal a bondi de plus de 45 % en dollars depuis janvier. Une hausse “stupéfiante”, selon Bruno Colmant, économiste belge, qui y voit une alerte sérieuse : “La dernière fois que les marchés ont connu une telle augmentation, c’était en 1979, lorsque l’URSS a envahi l’Afghanistan”, explique-t-il à la RTBF. Pour lui, “la politique monétaire américaine commence à faire peur”, et l’hypothèse d’une prise de contrôle de la Réserve fédérale par Donald Trump inquiète les marchés. “Je crois que le reste du monde commence à se protéger du dollar et de la dette américaine”, ajoute-t-il. “Le meilleur refuge, c’est effectivement l’or, parce que l’or, c’est la devise d’un pays qui n’a pas de gouvernement, c’est la devise de l’univers”.

Face au risque de chute du dollar et à une possible reprise de l’inflation, les banques centrales accélèrent leurs achats. D’après la banque ING, “En 2022, 2023 et 2024, les banques centrales ont acheté respectivement 1082, 1037 et 1030 tonnes d’or, des volumes jamais observés jusque-là !”. Les pays des BRICS, notamment, cherchent à réduire leur exposition au dollar en renforçant leurs stocks d’or.

Ce que cette hausse change pour les particuliers

Pour les particuliers, la flambée du cours transforme l’or en produit de luxe. Le lingot d’un kilo a franchi les 100.000 euros, rendant les achats plus symboliques que stratégiques. “On pourrait croire qu’avec la hausse importante des prix, les gens vendraient leur or mais ce que je vois, c’est plutôt le contraire, ils achètent”, confie un négociant bruxellois. “Ils ont tellement peur de ce qui pourrait arriver en Europe, et dans le monde évidemment, qu’ils préfèrent acheter et sécuriser leur patrimoine”.

Les formats privilégiés ? Les pièces ou les petits lingots, faciles à revendre en cas de besoin. “Les gens qui achètent de l’or veulent évidemment quelque chose de facilement monnayable […] Cela va des lingots de 5 jusqu’à 100 grammes et, bien sûr, les pièces de monnaies”. Le Napoléon français s’échange aujourd’hui autour de 625 euros, le Krugerrand sud-africain dépasse les 3.300 euros.

Mais cette ruée vers l’or, loin de rassurer, soulève une question : que se passe-t-il dans l’économie mondiale pour que tout le monde cherche à se protéger ? Le métal précieux, s’il rassure sur le moment, reflète surtout un climat de défiance généralisée face aux institutions financières et monétaires.

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