Bonne ou mauvaise surprise à la pompe en 2027 ? Un domino européen s’apprête à tomber et il pourrait faire grimper la note. Les professionnels s’y préparent déjà, les automobilistes s’interrogent, et chacun guette la prochaine facture comme on scrute le tableau d’affichage d’une station-service à la veille des départs.
De quoi parle-t-on, où et quand tout cela commence, qui paiera, et surtout pourquoi maintenant ? Le calendrier pointe une entrée en vigueur dès 2027 en France, avec une possibilité de report d’un an si l’énergie s’emballe. Le reste se joue dans un nouveau cadre carbone encore méconnu du grand public. Et la mécanique est déjà enclenchée.
L’ETS2 fait payer le CO2 et renchérit les carburants en 2027
Ce n’est pas une nouvelle “taxe” affichée à la pompe, mais un coût carbone en amont : avec le nouveau marché européen du carbone pour le bâtiment et la route, l’ETS2, les fournisseurs d’énergie devront acheter des quotas de CO₂ pour chaque litre mis sur le marché. Ces achats deviennent un coût de production et, là, pas de mystère, il remonte vers le prix final. L’Institut Montaigne résume noir sur blanc : “la réglementation ETS 2 pourrait entraîner, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation des prix à la pompe entre 10 et 15 centimes par litre”, explique l’Institut Montaigne, selon L’Automobiliste.
Tout dépendra du prix de la tonne de CO₂. L’estimation de +10 à +15 centimes par litre repose sur un carbone autour de 45 € la tonne. Si le quota montait à 70 €, l’impact approcherait 17 centimes sur le diesel et 15 centimes sur le SP95, hors TVA. Concrètement, un plein de 50 litres d’essence coûterait environ 7,50 € de plus. Et pour un conducteur qui parcourt 15 000 km par an, le surcoût tournerait autour de 200 € par an. D’un autre côté, la note évoque pour un ménage un “surcoût annuel” de 105 € en moyenne, un écart qui s’explique par les usages et la dépendance au véhicule thermique selon les profils.
Le calendrier 2027 se précise et les automobilistes paient à la pompe
Le démarrage est prévu le 1er janvier 2027, avec une clause de sauvegarde qui permettrait un report à 2028 en cas de flambée majeure de l’énergie. L’obligation d’acheter des quotas pèse sur les raffineurs, importateurs et distributeurs, pas sur les particuliers, mais “le coût du dispositif sera répercuté sur les consommateurs d’énergie finaux”. Pour éviter un choc trop brutal, plusieurs pays, dont la France, plaident pour un corridor de prix afin de maintenir le carbone sous 50 € la tonne au début. Et pourtant. Le plafond européen d’émissions fixera dès 2027 l’offre de quotas pour la route, le bâtiment et la petite industrie à environ 1,036 milliard, puis il baissera chaque année, ce qui rendra les certificats plus rares, donc potentiellement plus chers.
Toutes les motorisations ne seront pas touchées de la même façon. Les projections évoquent un surcoût hors TVA d’environ 15 centimes par litre pour l’essence SP95 et 17 centimes pour le diesel. Ces montants s’ajoutent aux mouvements du pétrole et aux taxes existantes. En pratique, si le SP95 cote autour de 1,70 € aujourd’hui, il pourrait dépasser 1,85 € dès 2027 à paramètres fiscaux constants. L’électricité n’est pas directement concernée par l’ETS2, même si ses coûts de production restent, eux, sensibles à la politique carbone européenne. Côté gagnant-perdant, les ménages ruraux et périurbains, où près de 80 % des trajets domicile-travail se font en voiture, apparaissent plus exposés, tout comme les gros rouleurs. L’Institut Montaigne alerte d’ailleurs sur le risque d’un choc social comparable à celui des Gilets jaunes, un parallèle qui rappelle à quel point quelques centimes peuvent compter dans le quotidien.
Reste la question de l’ardoise globale. L’Institut Montaigne évalue à 7,2 milliards d’euros par an les recettes générées en France, dont 1,2 milliard reversé au Fonds social pour le climat pour financer des aides à la mobilité. Un détail qui change tout pour certains ménages, mais pas pour la facture du plein à court terme. Car au fond, l’équation est simple : si le prix du carbone augmente et que les quotas se raréfient, la pompe suit, au moins partiellement. Et la route de 2027 passe par là.