La France réalise avec succès sa première adjudication depuis la dissolution

L’Agence France Trésor a brillamment placé près de 10,5 milliards d’euros d’OAT à moyen terme et 2,25 milliards d’euros d’OAT indexées sur l’inflation, avec une forte réponse des investisseurs.

Les équipes de l’Agence France Trésor ont sûrement respiré un grand coup. Bercy, chargé de placer la dette française, a effectué ses premières adjudications d’OAT depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. Habituellement, ces enchères programmées se déroulent sans heurts. Cependant, la prime de risque de la France ayant récemment grimpé en flèche, ces ventes étaient particulièrement scrutées. « L’opération s’est bien déroulée, les investisseurs ont répondu présents. Cela pourrait calmer les inquiétudes des marchés », affirme Alexandre Caminade d’Ostrum Asset Management. L’AFT a placé presque 10,5 milliards d’euros d’OAT à moyen terme. D’autre part, elle a également placé 2,25 milliards d’euros d’OAT indexées sur l’inflation, atteignant les montants maximaux annoncés. La demande était comparable à celle des adjudications précédente. Une moyenne de 2,4 fois le montant émis sur les quatre adjudications de dette à 3, 5, 6 et 8 ans, contre 2,63 et 2,37 fois lors des ventes antérieures.

Sursouscription surprise

« Le niveau de sursouscription a dépassé les attentes et, autre bon signe, les taux français n’ont pas bougé après l’adjudication », commente Matthieu de Clermont d’Allianz GI. Autrement dit, les acheteurs n’ont pas cherché à revendre immédiatement. Le spread entre les taux français et allemands à 10 ans, indicateur du risque « France », s’est même légèrement réduit. Soit une baisse d’environ 76-77 points de base. En 20217 il avait déjà atteint 80 points, lors des tensions de marché avant la présidentielle.

Ce succès en pleine tourmente est dû à la stratégie prudente de l’Agence France Trésor et à son dialogue actif avec les marchés. Le but était de minimiser les risques d’échec. « La taille de l’opération a été légèrement réduite par rapport aux adjudications précédentes de 12 à 14 milliards d’euros », note Alexandre Caminade. Pour la dette indexée sur l’inflation, « elle a répondu à une demande spécifique en émettant sur deux emprunts peu actifs depuis août 2023 », ajoute Matthieu de Clermont.

Le rôle des banques partenaires

Les banques partenaires jouent également un rôle clé, bien que difficile à quantifier. L’AFT collabore avec quinze Spécialistes en Valeurs du Trésor (SVT), désignés pour trois ans. Ces banques, attachées à ce statut prestigieux, ont tout intérêt à assurer le bon placement de la dette française. En cas de doute sur la demande, elles peuvent accumuler des positions vendeuses. Et cela avant l’adjudication et acheter le jour même pour soutenir l’opération.

Le premier obstacle est franchi, mais d’autres défis approchent. Tous les regards se tournent désormais vers le 4 juillet. En effet, la prochaine adjudication de dette aura lieu à l entre les deux tours des législatives. « Le Trésor devra alors placer de la dette à plus long terme, plus sensible au risque politique ». Ce test est d’autant plus crucial que la France doit émettre le plus grand volume de dette dans la zone euro d’ici la fin de l’année.

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