Tout roule chez Alpine

Depuis toujours, Alpine est un constructeur de voitures de sport. Alors que la marque vient de fêter ses 69 ans d’existence, focus sur la marque de voitures de sport préférée des Français.

Modèle A110 d’Alpine

Un article d’Augustin Castel

Marque sportive du groupe Renault, Alpine cherche à devenir un véritable acteur du paysage automobile français. Il y a près d’un an, la marque a publié ses ambitions stratégiques, dans lesquelles elle souhaite faire grimper son chiffre d’affaires à 8 milliards d’euros d’ici 2030. Fondée il y a 69 ans, Alpine continue de s’affirmer avec des voitures de caractère à la française. De Dieppe aux circuits des Alpes, en passant par les 24 heures du Mans et les circuits de Formule 1, retour sur le parcours d’Alpine.

L’histoire d’Alpine commence avec Jean Rédélé. Plus jeune concessionnaire de la marque Renault, celui-ci décide, en 1950, de se lancer dans le sport automobile. Il fait ses premiers virages lors du rallye Monte-Carlo, qui sera un succès. Mais c’était sans compter une volonté de fer qui l’emmènera sur le haut du podium du Rallye Dieppe-Rouen dans sa Normandie natale au volant d’une Renault 4CV. À cette époque, il estime que « la course est le meilleur banc d’essai pour les modèles et que la victoire est le meilleur argument de vente ». Après sa victoire, Renault est conquis et l’élève au rang de « pilote d’usine » de la marque au losange.

Suite à cela, il prend le volant d’une 1063 plus légère que sa 4CV. Il est rejoint par Louis Pons dans son aventure. Ensemble, ils créent une boîte de vitesse à cinq rapports. Cela lui permet de remporter le trophée de catégorie Mille Miglia. Jean Rédélé en profite pour se tester sur le mythique circuit des 24h du Mans. Mais c’est en 1953 que tout change. Il reçoit sa « spéciale », une 4CV modifiée. Avec elle, il trace son chemin vers le haut du classement du Rallye Dieppe-Rouen pour la 4e fois. En 1954, le duo Rédélé-Pons ne lésine pas sur les trophées et remporte une troisième victoire de catégorie Mille Miglia ainsi que la coupe de la route des Alpes.

La Berlinette A110 d’Alpine

Le 25 juin 1955, la Société des Automobiles Alpine est créée. « C’est en sillonnant les Alpes à bord de ma 4CV que je me suis le plus amusé. J’ai donc décidé d’appeler mes futures voitures ‘Alpine’, pour que mes clients retrouvent ce plaisir », racontait son fondateur Jean Rédélé. Au passage, il crée le premier modèle de la marque, la Coach 106. Durant les premières années de la vie de la marque, la Coach 106 est l’unique modèle produit par le nouveau constructeur, avec 251 modèles produits entre 1955 et 1961. Le premier modèle laisse sa place en 1960 pour la A108, présentée quelques années auparavant lors du salon de Paris. L’A108 aura pour rôle de donner les courbes du modèle mythique de la marque dieppoise, la A110.

Produite à plus de 7 500 exemplaires, l’Alpine A110 est la voiture qui fait l’ADN de la marque. Celle-ci doit sa renommée notamment aux différentes victoires, que ce soit sur la piste lors des 24h du Mans ou lors de rallyes. Elle deviendra même la sportive la plus performante d’Europe en 1971. Lorsque la marque dieppoise passe sous l’égide de Renault en 1973, la voiture continuera à performer notamment sur six des treize championnats du monde de rallye où le groupe au losange participera. Pourtant, à partir de 1974, le vent tourne pour l’A110, mettant ainsi fin à ses victoires.

Mort et résurrection d’Alpine

Après que Renault soit arrivé en tant qu’actionnaire majoritaire de la marque dieppoise en 1974, il ne fallut pas attendre longtemps pour que son fondateur quitte le navire. En effet, en 1978, Jean Rédélé semble ne plus avoir le contrôle de son entreprise. Ainsi, il décide de partir, obtenant toutefois la promesse de Renault de conserver les emplois. Alpine cessera toute activité en 1995 après l’arrêt de la production de l’A610. L’usine dieppoise continuera tout de même de tourner puisqu’elle sera en charge de la fabrication des modèles sport de Renault. Pourtant, il en faut plus pour mettre à la retraite le champion français des voitures de sport.

Il faut attendre l’arrivée de Carlos Ghosn pour que l’espoir de voir renaître Alpine voie le jour. En 2006, le Parisien annonce que le nouveau président de la marque au losange souhaite développer les véhicules haut de gamme de Renault. Ce n’est que six ans plus tard, en 2012, qu’une Alpine commence sa résurrection en présentant un concept-car lors du Grand Prix de Monaco.

Quatre ans plus tard, en 2016, Carlos Ghosn donne son approbation pour la relance de la marque Alpine. Il présente un nouveau concept de la future voiture de la marque : l’Alpine Vision. L’année suivante, ils révèlent enfin la nouvelle A110. La production de cette mythique voiture de la marque reprend. D’un autre côté, l’écurie de Formule 1 Renault annonce un changement de nom pour devenir Team Alpine F1 en 2020. Cela signe le retour de l’écurie dans l’univers des courses automobiles.

Poids financier d’Alpine

La résurrection d’une marque ne peut avoir lieu que si les clients sont au rendez-vous. Pour Alpine, c’est le cas. En 2017, lors du lancement de la nouvelle A110, Renault proposait une précommande clin d’œil de 1 955 voitures. Cette précommande faisait référence à l’année de lancement de l’entreprise par Jean Rédélé. Étonnamment, en deux heures seulement, toutes les voitures étaient vendues. Depuis ce succès, la marque n’a cessé de progresser. En 2022, Renault a atteint un chiffre d’affaires de 185,9 millions d’euros. Par ailleurs, le résultat net s’élevait à 1,6 million d’euros, démontrant une croissance continue et solide.

De plus, la filiale de la marque au losange a continué les records historiques en 2023. Avec 22,1 % de plus qu’en 2022, les livraisons de l’A110 ont explosé, atteignant les 4 328 unités. De plus, Renault pointe, dans un communiqué de presse, que l’A110 est la voiture sportive la plus vendue en France et figure dans le top 5 en Europe en 2022.

Tout cela sans compter les recettes enregistrées par l’écurie de Formule 1. En 2022, l’équipe Alpine F1 Team a réalisé un chiffre d’affaires de 287,2 millions d’euros contre les 201,5 millions de 2021. Malgré quelques difficultés sur la piste, l’écurie se positionne à la quatrième place du classement des constructeurs en 2022. Côté course, malgré quelques difficultés, la marque fondée par Jean Rédélé continue de faire vivre la passion de son constructeur.

Objectif 2030

Comment arriver à un chiffre d’affaires de 8 milliards d’euros d’ici 2030 ? Cette ambition portée par Alpine semble, dans un premier temps, irréaliste, mais c’est sans compter le plan « Renaulution » lancé par Luca de Meo, le directeur général de Renault. En plus de cette ambition de chiffre d’affaires, Alpine souhaite atteindre l’équilibre financier d’ici 2026. Mais alors, comment la marque souhaite-t-elle s’y prendre ? Dans un premier temps, Alpine compte développer sa propre plateforme haute performance pour ses futurs véhicules sportifs 100 % électriques et vise ainsi la neutralité carbone d’ici 2030.

Cette plateforme permettra également le lancement de sept nouvelles voitures, dont la première a été révélée le 12 juin dernier : l’A390, une voiture familiale 100 % électrique. « Cette gamme complète de véhicules sportifs va consolider la présence d’Alpine sur ses marchés principaux, l’Europe et le Japon. Elle servira de tremplin pour son expansion à l’international, en particulier aux États-Unis et en Asie, où les nouveaux modèles seront proposés à partir de 2027 », partage Laurent Rossi, président directeur général d’Alpine.

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