Nestlé, entre accusations et révision à la baisse

Nestlé, géant de l’alimentation, fait face à de nouvelles accusations de forages illégaux et révise à la baisse ses prévisions de croissance. Découvrez les détails de cette crise sans précédent.

Nestlé, le titan mondial de l’alimentation, traverse une série noire sans précédent. La semaine dernière, le parquet d’Épinal a annoncé l’ouverture d’une nouvelle enquête sur les activités de Nestlé dans le domaine de l’eau minérale, pointant du doigt neuf forages potentiellement illégaux. Ces accusations s’ajoutent à une série de revers pour le groupe, qui peine à maintenir ses performances économiques.

Pour l’année 2023, Nestlé a enregistré une baisse de 1,5 % de son chiffre d’affaires, le portant à 92,9 milliards de francs suisses. Malgré une progression de 2,1 % des ventes organiques au premier semestre, les résultats restent en deçà des attentes. Le groupe a dû réviser à la baisse sa prévision de croissance annuelle à moins de 3 %, soulignant la nécessité de réduire davantage ses prix pour relancer la consommation.

Enquête sur l’eau minérale

Depuis plusieurs mois, les divisions de Nestlé Waters en France sont sous le feu des critiques. Après l’affaire des pizzas contaminées de l’usine Buitoni à Caudry, c’est maintenant au tour de Contrex et Vittel d’être dans le viseur de la justice. Une enquête menée par l’Office français de la biodiversité (OFB) a révélé que Nestlé aurait exploité illégalement neuf forages dans les Vosges entre 1992 et 2019, vendant 19 milliards de litres d’eau sans autorisation.

Nestlé a répondu en affirmant que « chaque mètre cube d’eau collectée est déclaré aux autorités », tout en reconnaissant que « certains éléments administratifs d’il y a plusieurs dizaines d’années sont en cours d’évaluation par le procureur d’Épinal ». Le groupe coopère pleinement avec les autorités pour éclaircir cette situation.

Polémiques sanitaires

Les soucis ne s’arrêtent pas là pour Nestlé. En avril, l’Agence régionale de santé (ARS) a ordonné la destruction de deux millions de bouteilles de Perrier contaminées, obligeant également à la désinfection de certains points de captage. Ces événements ont suivi la révélation que Nestlé avait utilisé des méthodes interdites de filtration pour purifier l’eau vendue comme minérale, violant ainsi les réglementations en vigueur.

Pressions des actionnaires

Lors de l’assemblée générale du 18 avril à Vevey, en Suisse, les actionnaires n’ont pas manqué de faire entendre leur mécontentement. Un membre de l’ONG britannique Bite Back a accusé Nestlé « d’inonder les rues de malbouffe » et d’être responsable de problèmes de santé chez un enfant sur trois dans les quartiers défavorisés du Royaume-Uni. Des critiques ont également été formulées sur la teneur en sucre de certains produits, poussant le patron Mark Schneider à défendre la diversité des goûts selon les pays.

Une motion réclamant une augmentation de la part de produits sains dans le portefeuille de Nestlé a été rejetée par la majorité des actionnaires. Paul Bulcke, président du groupe, a argué qu’une telle stratégie affaiblirait certaines offres, laissant le champ libre à des concurrents moins scrupuleux.

Vers un avenir incertain

En dépit de ces turbulences, Nestlé continue d’afficher un bénéfice net stable à 5,8 milliards d’euros pour le premier semestre 2024. Cependant, face à la baisse rapide des prix et à une croissance organique de seulement 2,1 %, le groupe a ajusté ses prévisions pour l’ensemble de l’année à une croissance d’au moins 3 %, contre environ 4 % précédemment.

Mark Schneider a déclaré : « Nous avons constaté une baisse des prix plus rapide que prévu et nous estimons donc plus prudent d’ajuster nos prévisions pour l’année ». Alors que les défis s’accumulent, Nestlé doit maintenant naviguer entre pression médiatique, attentes des actionnaires et exigences réglementaires pour redresser la barre.

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