Par Jérôme Fauvel
Carmat, pionnier français des cœurs artificiels, vient d’annoncer une augmentation de capital à hauteur de 16 millions d’euros, retour sur le parcours de ce géant de l’innovation.
Avec plus de 40 000 morts par an, les maladies cardiaques sont la première cause de décès en France. Contre cela, Carmat, pionnier français des cœurs artificiels, se positionne comme un acteur majeur dans la lutte contre ces maladies. Son cœur Aeson, doté d’une technologie unique, offre des avantages considérables aux patients. Cependant, l’entreprise n’a pas encore réussi à se stabiliser financièrement et son cours boursier reste très bas. Le risque en vaut-il la peine ?
Le cœur Aeson de Carmat présente plusieurs atouts majeurs, tels que l’absence de rejet et de coagulation du sang. Cependant, sa véritable valeur réside dans ses capacités uniques d’adaptation. Grâce à des capteurs sophistiqués, la pompe ajuste automatiquement la circulation sanguine en fonction des besoins du patient : elle augmente le flux lors de la montée d’escaliers et le réduit pour favoriser le sommeil.
En parallèle, afin d’améliorer la performance et la sécurité du cœur Aeson, Carmat a constitué un réseau de plus de quarante hôpitaux dans plusieurs pays pour effectuer ces implantations. Jusqu’à 50 000 personnes font un arrêt cardiaque soudain chaque année, dont environ 5 % survivent (source sante.gouv.fr). Bien que tous les patients ne soient pas éligibles à une implantation, on peut faire une comparaison intéressante : en 1992, lors de l’avènement commercial du stent, un petit tube utilisé pour maintenir ouverts les artères coronaires, afin d’assurer un flux sanguin adéquat, 3 000 unités ont été posées en France. Aujourd’hui, ce chiffre dépasse les 7 millions dans le monde.
Potentiel de croissance et perspectives financières
En termes de chiffre d’affaires potentiel, Carmat anticipe la production de 1 000 cœurs Aeson en 2027, générant ainsi 250 millions d’euros et atteignant la rentabilité. En 2030, la production pourrait atteindre 5 000 unités, soit un chiffre d’affaires de 1,25 milliard d’euros. La marge opérationnelle dans le secteur des équipements médicaux cardiaques est traditionnellement élevée, ce qui explique pourquoi le dirigeant envisage une capitalisation de plusieurs milliards d’euros à long terme.
Financement et capitalisation
Pour atteindre son stade actuel, avec le marquage CE (ce qui signifie que le produit respecte les exigences réglementaires en vue de sa libre circulation sur l’ensemble du territoire de l’Union européenne), des brevets et une unité de production, Carmat a investi 500 millions d’euros. Pourtant, sa capitalisation actuelle n’est que de 170 millions d’euros. Espérons qu’une offre publique d’achat (OPA) n’intervienne pas trop tôt, afin de permettre à la société de réaliser pleinement son potentiel.