Pour attirer les primo-accédants vers l’immobilier neuf, les promoteurs mettent les bouchées doubles en offrant des réductions allant jusqu’à 25 000 euros. Leur but ? Écouler les logements déjà construits et sortir de la crise du logement. Décryptage.
Combattre la crise du logement
L’immobilier neuf traverse une période difficile. Selon la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), les ventes aux particuliers ont chuté de près de 27 % au premier trimestre 2024 par rapport à la même période en 2023. Les stocks s’accumulent et prennent de plus en plus de temps à se vendre, atteignant en moyenne 22,2 mois, et dépassant même les 30 mois dans cinq grandes métropoles.
“Les gens sont moins solvables aujourd’hui. Tout l’enjeu pour les promoteurs est de faciliter l’accès au crédit pour les acheteurs“, résume Pierre Vigna, directeur général adjoint de Vinci Immobilier. La hausse des taux d’intérêt et les prix élevés freinent la reprise du marché. Pour éviter l’asphyxie, les promoteurs se retroussent les manches et proposent des offres attractives aux primo-accédants.
Des remises alléchantes pour les primo-accédants
“Pour nous, la seule façon de générer des revenus est de vendre“, explique Pierre Vigna. Les primo-accédants sont donc la cible principale des nouvelles offres des promoteurs. En effet, les acheteurs particuliers représentent 65 % des ventes au détail, contre 51 % en 2021. Pour rendre l’achat d’un logement neuf plus accessible, les promoteurs utilisent deux leviers classiques :
- Offrir les frais de notaire, représentant environ 2 % du prix de vente.
- Proposer des réductions sur les petites surfaces.
Ainsi, Nexity offre une remise de 4 % sur plus de 800 logements de 2 à 3 pièces à travers la France. Vinci Immobilier propose une offre similaire pour ses lots. L’objectif est de diminuer le prix total du logement et d’augmenter la solvabilité des acheteurs. “C’est crucial car cela est pris en compte par les banques dans leurs exigences d’apport”, explique Pierre Vigna. “Il ne s’agit plus de fixer le prix de vente en fonction du coût de revient, mais de ce que les acheteurs peuvent payer”, ajoute Alain Taravella, président-fondateur d’Altarea.
Altarea va encore plus loin en permettant aux primo-accédants d’acheter un logement neuf sans apport personnel. “Nous prenons en charge les frais de notaire, la commission du courtier en crédits et les intérêts intercalaires”, détaille Alain Taravella. Cela représente environ 5 à 6 % du prix de vente d’un bien neuf.
Une opération séduction temporaire
Bien que séduisante, cette stratégie a ses limites, notamment la disponibilité des stocks. “Les stocks des promoteurs ne sont pas si importants. C’est surtout sur les logements achevés-invendus que nous pouvons intensifier nos offres promotionnelles, mais chez Bouygues Immobilier, ce stock est très faible”, affirme Bernard Chanteux, directeur général adjoint de Bouygues Immobilier, pour Les Échos. En d’autres termes, la durée de l’offre dépend du stock de biens disponibles.
La balle est désormais dans le camp des primo-accédants, qui bénéficient de nombreux avantages. En plus de ces offres exceptionnelles, ils peuvent accéder au Prêt à Taux Zéro (PTZ) dans de nombreuses communes et profiter d’une légère baisse des taux d’intérêt. Reste à voir si ces mesures seront suffisantes pour convaincre les acheteurs potentiels.